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Le Déclic



Midi. Son client est à l’heure. Cela tombe bien, elle est prête. Bas à jarretière dentelle, jambes gainées de nylon, taille corsetée de satin, poitrine fière. Doit-on parler du vertigineux de ses talons ? Inutile. C’est trop tard. Chht. Les pas des souliers cirés résonnent dans l’escalier. Devant sa porte, les métronomes s’arrêtent.


« Entrez sans frapper. »


C’est ce qu’elle ordonne toujours. Madame est sen


sible aux ambiances. Une sonnerie de téléphone, un bruit parasite, le tambourinement d’un poing sur la porte ou le strident d’une sonnette dans l’air, rien n’est plus crispant. L’on s’insère dans le feutré de chez elle dans le strict respect du silence. L’on ne parle que lorsque la porte est refermée.


Là. On peut commencer .


Il s’incline respectueusement. D’une main sur la nuque, elle l’enjoint déjà à se rendre. Et le met à genoux. Là. Juste à hauteur de chatte. Il peut la regarder, peut presque la sentir, sentir émaner sa chaleur, mais l’effleurer de sa bouche est un rêve, un espoir non permis. Les talons tournent autour de lui, rapaces, le tourmentent déjà ; il bande.


C’est un scénario muet où l’un n’a pas la permission de parler et l’autre étire tout autour d’eux un succulent univers langagier. Celui des mises en scèn


es où le réel côtoie tous les fantasmes, celui des gestes, piquants, tendres, autoritaires. Des regards appuyés. Des suggestions muettes. Des invitations sans issues. Une gifle claque dans le silence du corridor. Il était trop pressé.


Le collier glisse, râpant presque la délicate peau du cou, granuleuse d’un rasage encore frais. Serré correctement, sans une hésitation, le mousqueton rejoint la boucle. L’animal est ferré.

Elle l’entraîne, fatale, dans la délicieuse mélodie des stilettos qu’il ne peut que suivre, papillon aveuglé, elle est son guide et sa bergère, il est mouton. Elle est louve, il est agneau. La main droite tient le bâton, la main gauche son entrave. Entre ses doigts manucurés l’homme-chien a déposé sa fierté, qu’elle l’écrase si elle le veut. Il le voudra aussi.


Il rampe à ses pieds, écorcherait ses genoux s’il le fallait, son âme si faible en offrande, il se traîne, il n’est rien, elle le subjugue. Le visage se redresse vers elle, forcé d’une main agrippée à ses cheveux. , L’amour propre s’est fait la malle, les yeux larmoyants déjà, la joue rougie. Il bande , pauvre mâle.



Elle s’assied dans son fauteuil, il patiente à ses pieds. Ecarte sur ordre ses cuisses, contraint à venir la respirer. Fauve, sucrée, qu’importe le prix à payer, jamais pense-t-il, il ne saurait tant désirer. Ardent, il est. Et la dompteuse, d’un index qui roule sur lui-même, ordonne à l’impotent de se retourner. Réduit à la posture la plus triviale qui soit, il sait ce qui est exigé, honteux et contraint, écarte ses fesses. Et accueille une fessée bien méritée. Il faut s’appliquer.


Insidieusement, son rire le transperce, et puis ses doigts, sa cruauté. Elle est perverse. Il en frémit. Inflexible maîtresse le dresse à ne pas bouger. Elle va


le travailler. Le modeler. L’éduquer à se laisser faire. Le dresser à s’en remettre à ses caprices. Un talon pique son échine, un gode souple et réaliste s’invite à la sauterie. Elle se joue de lui.


Au ras du sol, les yeux mis clos, la gorge qui geint, il est rompu à l’exercice. Il apprend à subir. Maîtresse est d’humeur peu câline. Dans son champ de vision, la furieuse mécanique qui l’attend. Rose, simpliste, mais redoutable. Le dernier jouet de la Dame. D’un mouvement du pied elle le repousse, il s’affale davantage. Tire sur sa laisse, le contraint à venir dire bonjour. Fuck machine attend bien dressée que la bouche offerte se visse à son manche. Il s’empale, forcé, et la suce avec férocité. Que ne ferait-il pas, pour s’exciter encore un peu ? Les doigts au collier forcent le mouvement. Elle veut qu’il soigne l’exercice. Fait couler du gel sur son cul, l’insère d’un index jusqu’au fond pour l’empâter. Le redresse sans grâce, et le jette sur le lit. Immobile et tremblant, prisonnier attend sa sentence, et c’est pieds et p


oings liés qu’elle décide de l’achever. Machine en marche, bruit de va et viens, elle le fait enculer une main sur sa bouche, pour ne pas l’entendre gémir. Qu’importe s’il respire… Dit ce sourire vicieux vissé aux lèvres rouges.


Il se tend, et se contorsionne, privé de mouvements, subit la lente et implacable victoire de cette queue dans son fondement. Il est son supplicié, et elle s’en délecte. De sa main libre et perverse, le branle sans ménagement. La Fuck machine l’écartèle, jusqu’à fendre son esprit. Les ongles longs trouveront la molette … Et la tourneront jusqu’au déclic.


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