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Domination - Part 5


Rendez-vous avez été donné chez moi , chez nous , un soir qui s'annonçait plein de promesses.

J'avais fait livrer un immense plateau japonais plein de douceurs crues et sirupeuses, dans l'automatisme presque érotique que ces victuailles me rappelaient.  L'appartement s'était empli de mon parfum et d'une ambiance feutrée, les grands rideaux avaient été tirés. Je me préparais encore, ajustant mes bas noirs à mes  jarretelles lorsque l'on sonna. Notre invité était presque à l'heure. Mes talons claquèrent sur le sol et j'ouvris la porte à Antoine, dans un appareil qui ne laissait rien douter de la nuit qui allait se jouer dans notre antre.

Un peignoir de soie noir recouvrant légèrement un serre-taille et des talons, j'observais la mise du visiteur. Chemise cintrée, pantalon à pince, casque de scooter et bouteille de vin à la main.  Antoine savait ce que j'aimais, et savais surtout que j'aimais presque tout de sa personne, ce qui lui donnait une assurance neutre et bienvenue en toutes circonstances. Je l'invitais à entrer, à prendre place près de mon mari dans notre salon. Ils se saluèrent respectueusement, sans fioritures. Je me souviens que nous avons discuté un peu de banalités avant de commencer à boire, puis à manger. Les deux animaux ne se connaissaient pas, sauf par ce que je leur donnais de l'autre ponctuellement. Quelques anecdotes, quelques traits de caractères.

Je ne sais plus comment j'en suis venue à déposer une lamelle de poisson sur ma jambe et à demander à ce que l'on m'en débarrasse du bout des lèvres. Toujours est-il que c'est ce détail qui amorça nos jeux. J'avais Antoine et mon mari à ma merci, et ce pour quelques heures encore. Je leur ordonnais de se dévêtir l'un en face de l'autre, et de se mettre à quatre pattes. D'une main aguerrie, je glissais à leur cou leurs colliers respectifs. Voilà. Ils étaient à moi. Mes objets, mes pantins, mes chiens fidèles, et cette perspective me donnait des idées plus cruelles les unes que les autres.

Nos jeux durèrent toute la nuit sous les candélabres, et entre chien et loup, perclus dans cette nuit fantasmagorique j'avoue ne plus bien me souvenir de l'ordre des choses... Les images sont restées désordonnées, en flash, comme de vieux instantanés qui rappellent de l'émoi. J'avais peut-être un peu trop bu, mais pas assez pour fouetter leur chair. Pas assez pour tirer sur leurs laisses. Pas assez pour verrouiller leurs cages et passer par dessus leurs sexes gonflés d'être enfermés de copieux godes-ceinture. Le plaisir se réservait pour moi, uniquement pour moi, pour eux: la frustration.

Léchez-moi.

Toi, agenouille-toi là bas.

Prenez-moi.

Tais toi et regarde.

Mon mari subit les humiliations les plus diverses, de me regarder prendre du plaisir avec mon amant à se faire lui même prendre sauvagement par cet amant. Goût de latex. Bâillon qui suinte. Médaille qui tinte. Mes mains sur leurs gorges, mes mains dans leur chair. J'étais sur mon terrain. Maîtresse en ma demeure, je me souviens des cris qu'ils ont poussé, de la cage d'Antoine qui a finit par glisser et s'échapper tant son sexe avait l'habitude de se faire maltraiter.

Lorsque la fatigue commença à pointer l'amant se retira. Propre sur lui comme s'il sortait d'une séance de cinéma. Une séance où s'était joué sur un écran noir et blanc des scènes interdites, nos corps qui se déchirent et nos mots qui se malmènent. Antoine était un amant fabuleux, tant il n'était que Vice. J'avais eu ce soir là tout l'heur de le présenter dans sa licencieuse magnificence à celui qui partageait ma vie.

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