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Domination - Part 7


Bien sûr, rien ne me destinait à retrouver Antoine, hormis peut-être les messages ponctuels, qu'il lançait telles des bouteilles à la mer pour prendre de mes nouvelles, parfois. Ou entretenir un lien. Des messages auxquels je restais insensible. Figée dans ma sentence, drapée dans l'indifférence que je m'étais cousue pour tourner cette page. Elle qui m'avait fait couler beaucoup d'encre, comme l'écho d'une histoire qui appartenait au passé.

Antoine savait-il que j'écrivais sur lui, de lui, pas à lui mais à tout le reste du monde? Absolument pas. L'idée d'écrire sur quelqu'un à son insu, et qu'un jour par un hasard heureux, ou non, il le découvre, ou non, et s'en étonne, m'excitait et me séduisait. Je n'avais jamais été amatrice du tout écrit, tout destiné, préférant largement laisser le destin tirer ses dés et guider ma route.

Et un beau matin de réveillon justement ... Un message. Un peu différent des autres. Plein de demandes non formulées. Un qui éveillait en moi quelque chose. Était-ce de la curiosité, après tout ce temps, les effets d'une prescription ou l'ineffable "bon moment"? Noël a ses miracles. Je répondais sans froideur. Mais non sans prudence. Antoine s'était installé en suisse. Il avait cependant gardé son appartement Marseillais qu'il louait. Celui-là même où il était de passage justement pour voir sa famille... Et plus si affinités. Le soir, je me rendais dans le Var pour réveillonner. Il se trouvait chez son père, à 3km de là. Depuis quand ne nous étions-nous plus vus? 2, 3 ans? Il me demandait le droit de passer, au matin de Noël, prétextant une séance de vélo, dans le village où je me trouvais. Le hasard pouvait être provoqué. J'étais en tenue de la veille, n'ayant prévu aucun rechange. Talons aiguilles collants noirs jupe crayon ... Red lipstick.

Et lorsque je le croisais, au fond de moi, ce soubresaut d'envie. D'étonnement. Détonation. De nostalgie? Il avait minci, mais proche des quarante ans avait toujours ce visage de jeune homme... Ces boucles brunes, que je me ravissais de voir encore sauves. Le voir en tenue de cycliste m'amusait, m'excitait aussi. Combinaison criarde et moulante, comme un zentai, une seconde peau propice à mater ses moindres formes. Dans ses yeux, toujours la lueur du jeu, et la douceur que j'aimais tant. Antoine ne perdait rien pour attendre, à me saisir au détour d'un matin de Noël, pas si fraîche, pas si disposée en vérité. Il avait salué mon mari, et leur " enchanté" échangé m'amusait tellement... Eux qui avaient été mes jouets, ensemble, nus et soumis à ma volonté. Je savais qu'ils ne l'avaient pas oublié.

Après quelques échanges je prenais congé de lui. Il avouait avoir envie de me revoir. J'hésitais, malgré l'envie qui me tenaillait le ventre. Les répétitions ne m'intéressaient pas, et je me souvenais très bien pourquoi j'avais laissé tomber mon bel Antoine en désuétude... Mais j'avais mûri. J'étais moins entêtée qu'avant. Moins orgueilleuse. Je lui balançais des disponibilités lointaines, il en ferait ce qu'il voudrait. Il rentrerait en suisse, sans me revoir, et une fois de plus si le destin le ramenait à moi plus tard... Pourquoi pas. J'aviserais.

Nous échangeâmes encore des messages. Je ressentais de nouveau sinueuse, pernicieuse, l'envie de le soumettre à mes envies, à mes jeux pervers. J'avais pris après sa rencontre beaucoup d'expérience. J'avais eu d'autres soumis entre les mains. Je m'étais forgée une personnalité de Maîtresse et un petit cercle d'admirateurs duquel je tirais un certain profit, tarifant mes séances. Il était incroyablement délectable pour moi de voir ces hommes à mes pieds, prêts à ouvrir leurs bourses et leurs jeans pour que je puisse en extraire le jus, la sève, le plaisir. Des hommes de tous bords, unis par la même envie, être dociles à mes ordres. Être les jouets de mes caprices, de mes humiliations le temps d'une heure ou d'un mois. Des hommes me payaient désormais pour que je leur écrive des histoires érotiques, ou pour que je leur écrive tout court. Pour renifler une de mes petites culottes, un collant, pour parler avec moi par messages ou échanger des photos. Pour se traîner à mes pieds et embrasser mes talons hauts. J'étais épanouie, mais pas comblée. Le vide intersidéral qui m'habitait semblait ne jamais se rassasier de ces honneurs. J'étais plus consommatrice que mes clients encore, en vérité. Ma soif de pouvoir sur toutes ces queues dressées était une supernova.

Antoine ne se doutait probablement pas de la folle aventure que j'avais vécue durant son absence. Ni de ce qu'elle avait fait de moi. Une Maîtresse sévère et perverse, en quête de l'excellence du milieu. Je tenais entre mes mains mes atouts. J'étais jeune et belle, et j'avais découvert les secrets des nuits fauves. Dont la première fut écrite de sa main et de la mienne, quelques années auparavant.

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