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L'entretien de débauche


Idéalement, j’arrive, je mets en avant mes expériences, je dispatche mes atouts, je prouve au DRH que je suis l’homme de la situation, je termine avec des idées pour améliorer le staff, bref je donne tout ; j’empoche le poste.


C’est ce que je me répétais devant le miroir en terminant de me raser de près, juste avant de me rincer et de sauter dans un de ces costumes que l’on n’enfile que pour les entretiens, et qui finissent par prendre la poussière dans un coin du dressing le reste de l’année. C’était limpide. J’allais avoir ce poste haut la main. Il était fait pour moi. C’est ce que je continuais de me dire en arrivant une demi heure plus tard devant l’austère bâtiment qui se dressait là.


Une banque. Un de ces univers d’hommes qui n’ont pas le temps pour les approximations. Je m’annonçais au secrétariat, « J’ai rendez-vous avec Monsieur Valentini » , j’observais sans rien en déduire le petit sourire de la secrétaire. Non, en réalité, j’en déduisais tout de suite que Valentini avait sa subordonnée à la bonne. Ou peut-être sous le bureau. On me demande de patienter. Je patiente. Puis quelqu’un me prie de le suivre, et l’on me fait entrer dans un bureau d’où un jeune homme sort et dans lequel une grande jeune femme blonde m’observe, debout derrière son écran.


- Mme Valentini. Bienvenue.


Dit-elle en m’indiquant le siège où m’asseoir. Ah. C’est ce qui s’appelle une surprise. Ce serait donc cette sublime blonde qui scellerait mon sort… Tout d’un coup je ne me souviens plus de mes notes mentales. J’ai l’impression d’être un ado avec son Penthouse dans les toilettes que l’on vient de convoquer au dîner.


- Bonjour. Je balbutie.

- Bonjour. Elle m’impressionne.


Elle a un haut de tailleur strict et une jupe noire, des ongles très rouges et un petit carré qui se veut décontracté mais qui me terrorise. Clairement, la seule chose que je me vois lui prouver c’est que je n’ai pas pissé dans mon froc, et c’était moins une…


- Vous avez donc candidaté pour le poste vacant de Manager, j’ai pris le temps de lire vos références, votre expérience correspond parfaitement à ce que nous recherchons.


Ah. Elle commence par me mettre à l’aise. Je sais ce que cela veut dire. C’est comme lorsque l’on appâte le poisson pour mieux le pêcher, on lui tend un gros vers bien affriolant en lui faisant miroiter qu’il n’a aucune raison de ne pas l’attraper. Tout le monde connaît la suite.


- Parlez-moi de vous ? Je veux dire. Laissons les papiers protocolaires de côté – elle jette littéralement le papelard sur son clavier et s’assoit en face de moi, dieu merci un bureau me sépare de ses jambes interminables. Et de ses griffes. - et dites moi ce qui vous a attiré ici.


- Je.. Dirais, le cadre de travail et les horaires ? - et le salaire. Ça oui. Le salaire, c’était tout ce qui m’intéressait . Sauf que maintenant ma DRH aussi m’intéressait – Le dynamisme du poste…


Ses yeux semblaient littéralement se moquer de moi, et ne pas croire un mot de mon blabla du même acabit que celui qu’on lui servait six fois par jour. Tant et si bien que je terminais ma phrase sur un mince filet de voix, à peine un souffle, ce qui lui fit étirer un sourire qui montre les dents. Bon dieu, elle allait me dévorer tout cru.


- Je vois. Tout cela aurait pu être intéressant si le poste n’avait pas été attribué il y a dix minutes.

- Quoi ?…

Pris de court, je me frotte le menton. Elle plaisante. C’est certain, elle plaisante. Elle désigne de son ongle rutilant la porte.

- Le jeune homme avant vous.

- Vraiment ?

- Vraiment.


Je restais interdit. C’est le moment où le poisson est hors de l’eau, assommé par une bon coup derrière les ouïes. Le petit con qui était sorti au moment où je rentrais avait-il vraiment eu ce poste qui semblait taillé sur mesure pour mes appétits financiers ? J’enrageais.


- Mais , pourquoi ne pas m’avoir prévenu ?

- L’entretien vient à peine de se terminer. Vous étiez déjà là . Mais c’est certain, c’est lui que je veux.


Dans un marmonnement aussi gêné que déconfit, je rassemblais mes affaires pour prendre congés sans demander mon reste. Elle posa sa main ensorceleuse sur les documents.


- à moins que vous n’ayez un atout qu’il n’ait pas.


Je ne savais pas si cette question ne ressemblait pas plutôt à un ordre, ce qui me fit perdre le peu de moyens qu’il me restait, et déglutir comme un lapin pris dans les phares. Une seconde chance ? Vraiment ? Je laissais donc mes documents où ils étaient et opina bêtement, sans savoir quoi faire ni quoi dire. Elle ne se gêna pas pour le savoir à ma place.


- Allez fermer la porte.


Et tandis que je m’exécutais, tout penaud, elle ajouta dans mon dos : à clef. Comme une sentence irrévocable, je tressaillis. À clef, vraiment ? Qu’allait-elle me faire ? Je me retournais et elle était là. Tout près de moi. Je n’avais même pas entendu le bruit de ses talons sur le sol, comme si elle avait flotté jusqu’à moi. J’étais trop perturbé pour entendre quoi que ce soit. Je sentais déjà son parfum arriver jusqu’à moi pour me saisir jusqu’aux os.


- Un atout.. de quel ordre.. Madame? Arrivais-je à peine à bégayer. Je sentis que le « Madame » était à double tranchant. Il eut l’air de la satisfaire immédiatement, et à la fois de me condamner.


- D’ordre sexuel, pardi. Outch. Personne n’avait jamais été aussi direct avec moi, encore moins dans ce contexte, et cela m’incita à la fermer et à me demander si je n’étais pas juste en retard, au fond de mon lit à rêver de cet entretien. Je mimais avec la bouche, à l’interrogative : « sexuel ?... », elle acquiesça et ordonna :


- A genoux.


Je crois qu’à ce moment là, j’avais perdu tout espoir de ressortir de ce bureau avec toute ma dignité... Toute ma superbe de paon et toutes mes ambitions étaient à ses pieds, que je foulais de mes genoux. Et en plus, en bandant comme lors de ma première pollution nocturne, et sans vraiment pouvoir le cacher. J’étais fait. Elle le savait, puisqu’elle m’emmenait déjà par les cheveux dans le délicieux couloir de ses cuisses, me forçant à remonter sa jupe.


- Léchez. Vous voulez le poste ?


Je rugissais un discret mais désespéré :


- Oui !

- Alors Léchez.


Implacable. Je sentais bien que je n’avais pas le choix, que j’étais piégé, délicieusement pris de court et complètement emporté par son ton sévère. Incapable de réfléchir, je glissais ma langue dans une très courte toison blonde, récoltant au passage un goût de cyprine incroyable. Elle coulait. Visiblement je n’étais pas le seul à être excité. Elle coulait littéralement, sur ma bouche, mon nez, elle était dans un état proche de la liquéfaction et moi j’étais à genoux, les mains remontant sur ses fesses, obnubilé. Sa main claqua fermement la mienne.


- On ne touche pas avec les mains ! C’est donc mon cul que tu veux clébard ? Tu vas l’avoir.


Cela sonnait comme les menaces de mamans prêtes à aller chercher un martinet pour nous en coller trois bons coups sur le gras de la fesse. Elle se retourna pour écarter à deux mains les siennes et ordonna férocement :


- Avec la langue seulement. Si tu es un bon lécheur, tu l’auras ce poste. Fais mieux que l’autre.


Le tutoiement me donnais le vertige. Discrètement, tandis que je lui lèchais le cul en bon clébard conquis, je me branlais sans vergogne. Au point où nous en étions! Tout s’entremêlais dans ma tête, ses gémissements, ma posture, les talons que mes cuisses frôlaient, et surtout la folie de cet instant à saisir que je ne revivrais pas de sitôt, je le savais pertinemment. Il y avait parfois dans la vie des moments où il fallait foncer sans réfléchir, avant que la comète de leur magie ne s’échappe de notre portée.


Soudain sans que je ne comprenne ce qui se passais, je reçus une vague de cyprine sur le visage, une véritable douche, ponctuée par sa jouissance étouffée dans sa main. Je n’eut pas le temps de réaliser qu’elle s’était déjà retournée pour saisir ma main et m’empêcher de continuer à me branler. Dieu merci, j’allais jouir sur ses souliers vernis. Elle m’assena une gifle cuisante en m’interdisant d’aller plus loin.


- ça suffit, tu n’as pas le droit de jouir. Toi tu n’es bon qu’à lécher.


Elle se dégagea avec dédain, me laissant comme deux ronds de flan, et me jetais dejà un mouchoir tiré d’une boite à disposition des visiteurs.


- Essuie-toi et redresse-toi. Tu as été bon pour aujourd’hui. Maintenant laisse-moi. Tu reviendras demain à la même heure.


Pourquoi ? Comment ? Je n’en savais rien. Avais-je le poste ? Avais-je été bon ? Soudain en repassant la porte, désorienté et perdu, oubliant mes papiers dans son bureau, je me demandais si l’autre type avait eu droit au même traitement . Faisait-elle cela avec tous les hommes qui entraient dans son foutu bureau, l’enfer et le paradis à la fois ? … Je me sentais comme le poisson avec l'hameçon coincé dans la lèvre. Je croisais le regard de la secrétaire. Ce « Fais mieux que l’autre » résonnait encore dans ma tête.

Et je revis son petit sourire en coin.

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